Vendredi a été une journée particulièrement tendue entre les palestiniens et l’armée israélienne. Comme chaque vendredi dans nombreux endroits des territoires occupés, les palestiniens ont pris d’assaut l’armée israélienne et ses infrastructures, sans armes, mais avec la détermination légèrement suicidaire qu’on leur connait. Et cette détermination se trouvait hier renforcée par la volonté d’exprimer dans la révolte leur solidarité avec les palestiniens de Gaza, massacrés depuis maintenant plusieurs semaines par les forces israéliennes.

Ces affrontements rencontrent de la part des forces israéliennes d’occupation une violence souvent disproportionnée, celles-ci n’hésitant pas à tirer à balles réelles lorsque l’usage du gaz et des balles de caoutchouc ne les satisfait pas assez.

Lors de ces démonstrations de forces, les soldats d’Israël ne font souvent aucune distinction entre l’émeutier, le secouriste, le passant et les journalistes.

Hier, j’ai pu observer de très près la réalité cette affirmation.

Dans l’après-midi, c’est d’abord près de la prison d’Ofer que j’ai pu assister à la chasse aux journalistes dont l’armée se rend coupable. A plusieurs reprises, les jeeps de l’armée se sont approchées de façon menaçante des journalistes, les obligeant à se replier dans leurs voitures, avant de jeter délibérément des grenades à gaz à leurs pieds. Puis, dans un second temps, un véhicule autopompe s’est employée à « nettoyer » les journalistes présents.

J’ai pu goûter moi-même à cette violence dirigée contre les témoins, lorsque me trouvant tout seul en amont d’un véhicule blindé de l’armée, j’ai reçu une balle de caoutchouc en plein torax, alors même que je portais ma caméra à hauteur des yeux. Il est incontestable que j’étais, en qualité de témoin, la cible directe de ce tir et que le soldat qui a tiré depuis la portière du véhicule savait pertinemment où la balle allait me toucher, à savoir à quelques centimètres seulement de mon visage.

En fin de soirée, les affrontements ont éclaté près du checkpoint de Qalandia. Arrivé sur place avec un ami photographe, et tentant d’arriver au plus près des soldats israéliens alors que les échanges de tirs faisaient rage, nous nous sommes retrouvés avec des journalistes de la télévision palestinienne sous le feu nourri des soldats israéliens. L’un des journalistes, Fadi Al Jayoussi, a reçu une balle dans la jambe, tirée par un fusil à visée laser (donc précise et non aléatoire).

Israël fait encore une fois la démonstration de sa violence aveugle, alors même que l’opération sur Gaza, condamnée partout à travers le monde, a déjà causé la mort de 316 personnes et blessé plus de 2200, dont une majorité d’enfants.

Israël devra un jour répondre de ses crimes.

ianB, Ramallah, 19 juillet 2014