Entre 2007 et 2010, j’ai passé beaucoup de temps sur les frontières de l’Europe, au Nord de la France, en Grèce et au long des frontières de l’Ukraine et de la Pologne.

Je me suis pris d’amitiés éphémères pour des exilés afghans, soudanais et maghrébins, j’ai dormi avec eux dans leurs cabanes de bois à Calais ou dans leurs squats à Patras (Grèce), traîné sur les bords du monde en leur compagnie, écouté sans me lasser leurs histoires de vie chaotiques, leurs chansons pleines d’espoirs et de nostalgie, ri à leur humour sans faille.

Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais vraiment fait quoi que ce soit de ces images, ces sons, ces souvenirs.

La seule chose que j’ai rédigé c’est ce document, qui était d’abord un mémoire universitaire pour mon master en « études culturelles et communication », avant d’être transformé, rehaussé de mes sentiments et opinions politiques, puis affublé d’un titre : « migrerrance ». A l’époque, je trouvais que ce néologisme traduisait bien leur état, entre errance et migration, suspendu pendant un temps anormalement long entre deux rives d’un trop large rivage…

Migrerrance_01