Biographie
Je suis né au milieu des années 1980 en France, d’un père français et d’une mère allemande.
Durant mes années de Lycée, je me suis passionné pour l’histoire et la pensée des Natifs Américains, mais également pour les événements de la Seconde Guerre mondiale, du fait que mon histoire familiale a été directement concernée par le nazisme. C’est à cette période que j’ai commencé à effectuer des recherches approfondies sur divers sujets, me plongeant durant des heures dans les livres et magazines d’histoire, à une époque où notre accès à internet était encore extrêmement limité.
J’ai donc naturellement suivi des études d’histoire, à Reims puis à Lille. J’ai ainsi vécu le temps des grandes luttes étudiantes, et notamment contre le Contrat Première Embauche (CPE) en 2006, au cours desquelles les Universités étaient pour la plupart bloquées. Je me suis ainsi construit mes premières amitiés militantes, avec lesquelles nous avons participé à de nombreuses manifestations et rencontres politiques, en France comme dans le reste de l’Europe :
- Contre-sommet du G8 à Gleneagles (Ecosse), juillet 2005 ;
- Contre-sommet du G8 à Rostock (Allemagne), juin 2007 ;
- Contre-sommet de l’OTAN à Strasbourg (France), avril 2009 ;
2007-2012 : Migration & Frontières
Avec les amis nous allions régulièrement à Calais, où des milliers d’exilés tentaient déjà leur chance pour passer en Grande-Bretagne. A l’été 2007, j’ai passé plusieurs semaines dans la « jungle » de Calais avec des exilés originaires d’Afghanistan, expérience sur laquelle j’ai écrit et publié un livre témoignage assez naïf, « Tomorrow England ».
Ma compagne de l’époque étant russe, je me suis rendu à de très nombreuses reprises en Russie, et plus particulièrement en République du Tatarstan, 920 km à l’Est de Moscou. J’y ai découvert une société fascinante et une réalité sociale à la fois austère et chaleureuse, en tout cas souvent difficile.
Dans la même période, je me suis engagé activement au sein du réseau international de lutte pour la liberté de circulation et contre le racisme « No Border Network », qui m’a permis de rencontrer et de me lier d’amitié avec des activistes de toute l’Europe, dont des dissidents russes et biélorusses. J’ai alors participé à plusieurs mobilisations internationales :
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- Mobilisation contre le Sommet Européen de l’Immigration à Vichy (France), novembre 2008 ;
- No Border Camp à Lesbos (Grèce), août 2009 ;
- No Border Camp à Calais (France), juin 2009 ;
- No Border Camp à Bruxelles (Belgique), septembre 2010 ;
- No Border Convergence à Londres (Grande-Bretagne), février 2012 ;
- Anti Frontex Days à Varsovie (Pologne), mai 2012 ;
- No Border Camp à Stockholm (Suède), juin 2012 ;
- No Border Camp à Köln (Allemagne), juillet 2012 ;
En parallèle, j’effectuais des séjours d’exploration en Grèce en 2009 et 2010, où j’ai documenté les conditions d’existence et de transit des exilés, notamment à Athènes et Patras. Nombre d’exilés avec lesquels j’ai séjourné sur place étaient originaires du Maghreb.
Fin 2010, après avoir terminé mon mémoire de Master sur les « Modes et pratiques d’organisation dans la Clandestinité », je me suis installé à Paris où j’ai obtenu un poste de chargé de projet auprès des demandeurs d’asile et réfugiés originaires du Caucase, et plus particulièrement de Tchétchénie. Au cours des deux années suivantes, j’ai effectué plusieurs séjour d’exploration aux frontières extérieures de l’Europe, notamment en Serbie, en Ukraine et en Pologne, où j’ai mené une mission d’observation dans plusieurs centres de détention pour exilés et réalisé un entretien avec le directeur de la nouvelle agence Frontex, Ilkka Leitinen.
2012-2023 : Les appareils sécuritaires-répressifs et les mécanismes de la violence
A l’issue de mon premier contrat de travail, je me suis intéressé de près aux marchés noirs de Paris, où de nombreux Tchétchènes que je connaissais étaient contraints de vendre les surplus des bourses alimentaires. J’ai commencé à observer les pratiques policières à l’occasion de nombreuses maraudes parmi les « biffins », au cours desquelles j’ai pu constater de très nombreuses situation de violence, de racket et d’arrestations arbitraires commises par les forces de l’ordre, agissant la plupart du temps en tenue civile. Avec un groupe d’activistes, nous avons lancé une première initiative de copwatching, avant de collaborer avec des journalistes de Spécial Investigation (Canal+) pour la réalisation d’un documentaire diffusé en 2013 : « Copwatch, la police dans le viseur ».
Dans la foulée, j’ai mis sur pieds avec quelques personnes un collectif d’enquête et de plaidoyer contre les violences et abus policiers. Cette expérience de plus de dix années m’a amené à explorer les rouages de l’appareil sécuritaire français et à développer une expertise indépendante sur les armements dits « à létalité réduite ». Nous avons également constitué des réseaux de solidarité avec des victimes de violences policières, incluant à la fois des personnes mutilées et des proches de personnes tuées. J’ai organisé et participé à de nombreuses conférences et ateliers de formations – y compris en Allemagne, en Belgique et aux Etats-Unis – et nous avons collaboré fréquemment avec des ONG telles que l’ACAT, Amnesty International, la Ligue des Droits de l’Homme, ainsi qu’avec des chercheurs et de très nombreux médias, auxquels j’ai accordé d’innombrables interviews. Il n’est pas rare d’ailleurs que des journalistes se soient réapproprié notre travail sans citer leurs sources, du fait que nous n’étions pas une ONG autorisée…
En 2013 et 2014, je me suis rendu en Cisjordanie pour me faire une idée plus précise des mécanismes de l’oppression et de la ségrégation sociale et raciale imposées aux populations Arabes de Palestine par les forces militaires d’occupation israéliennes. Au mois de juillet 2014, j’ai été témoin des principaux événements qui se sont déroulés en parallèle des bombardements israéliens sur Gaza, et j’ai interviewé plusieurs parents de jeunes hommes exécutés par l’armée israélienne, notamment au Sud d’Hébron.
Dans le cadre de mes recherches et de mon engagement contre les violences infligées au civils, j’ai eu l’occasion d’être observateur et participant de nombreuses mobilisations politiques :
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- contre la construction d’un aéroport à Notre Dame des Landes, 2012-2014 ;
- en réaction à la mort de Rémi Fraisse, octobre-novembre 2014 ;
- contre l’inauguration de la BCE à Frankfort (Allemagne), mars 2015 ;
- contre l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, 2015-2017 ;
- contre l’état d’urgence, 2015-2017 ;
- contre la tenue de la COP21 à Paris, novembre 2015 ;
- contre la Loi El-Khomri dite « Loi Travail », printemps 2016 ;
- contre la tenue du G20 à Hambourg (Allemagne), 2017 ;
- contre l’expulsion de la ZAD de Notre Dame des Landes, mai 2018 ;
- révolte des Gilets-Jaunes, 2018-2019 ;
- contre la réforme des retraites, 2019-2020 ;
- contre la Loi de Sécurité Globale, janvier 2021 ;
- contre la construction de méga-bassines à Sainte Soline, mars 2023 ;
- en réaction à la mort de Nahel Merzouk, juin 2023.
Après avoir réalisé le film « A Nos Corps Défendants » traitant de la lutte des victimes de violences policières, du système d’impunité et du racisme systémique, j’ai suivi une formation en balistique-lésionnelle à Marseille et participé à la mise sur pieds d’un Groupe de Contre-Enquête Indépendante (GENI). Ce projet m’a amené à mener un travail d’investigation approfondie sur l’affaire du meurtre d’Angélo Garand par une équipe du GIGN le 30 mars 2017, mais j’ai finalement décidé de mettre un terme à mon engagement sur la question des violences d’Etat.
2023 – actuel : Survie communautaire en temps de guerre et résistance à l’autoritarisme.
Après être retourné en Palestine à l’été 2019, puis au Liban en février et septembre 2020, je me suis marié avec ma nouvelle compagne originaire de Syrie. En 2022, je suis allé une première fois en Syrie.
En septembre 2023, nous avons mis sur pieds l’initiative « Interstices-Fajawat » dont l’objectif est de mettre en lumière la situation syrienne, et notamment celle de la province de Suwayda où vit la communauté Druze à laquelle appartient ma compagne.
Dans la foulée, j’ai suivi une formation de Coordinateur de Programme Humanitaire à Lyon dans la perspective de trouver du travail au Levant, puis j’ai réalisé un séjour exploratoire en Ukraine, et notamment à Kiev et sur la ligne de front à Kherson en avril 2024. J’ai commencé en effet à m’intéresser de plus près aux questions d’autodéfense et d’auto-organisation communautaires, ce qui m’a amené à rencontrer des collectifs de civils fabriquant des drones d’attaques à destination de leurs proches envoyés se battre sur le front ukrainien, mais aussi à rencontrer des initiatives de solidarité locales.
Suite au renversement de la dictature d’Assad par les islamistes, nous sommes retournés en Syrie entre février et juillet 2025, après avoir mis sur pied une association dont l’ambition était de contribuer à la reforestation et à la réhabilitation des systèmes d’alimentation en eau de la région de Suwayda. C’était sans compter la résurgence des violences en raison de l’autoritarisme du nouveau régime de Ahmad al-Sharaa.
Nous avons néanmoins eu le temps de rencontrer les principaux leaders de factions armées druzes, ainsi que deux des trois leaders spirituels et de nombreux membres de la communauté, combattants ou civils. Nous avons aussi été témoins des attaques et massacres commis par les forces du régime islamiste et ses auxiliaires bédouins à Suwayda en avril et en juillet. Le 20 juillet, nous avons documenté les conséquences des massacres avant d’être évacués par la Défense Civile (Casques Blancs) deux jours plus tard.
Depuis, j’enquête en profondeur sur les factions armées syriennes et sur les enjeux politiques et sociaux de la Syrie post-Assad.